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L'épopée des numéros de série |
Mise à jour Mars 2013
II) L'hypothèse du registre d'atelier
Dans son texte, l'auteur indique qu'environ 200 machines à 10 chiffres (5x0x10) et une cinquantaine de machines à 16 chiffres (8x0x16) étaient déjà sorties des ateliers de fabrication... Rien d'étonnant donc à ce qu'une grande machine de 16 chiffres portant le même numéro de série n°118 soit fabriquée deux années plus tard !
En 1852, Thomas modifie son arithmomètre (T1852), qu'il décline toujours en 2 versions (5x0x10 et 8x0x16). Il supprime le multiplicateur, modifie l'inverseur de marche et sécurise le mécanisme de retenue. Mais comment gérer ce nouveau venu ? Est-ce un nouveau modèle ? Doit-on créer une nouvelle numérotation ? Ou poursuivre celle déjà existante ? Ce qui est certain, c'est que désormais les numéros sont gravés sur les platines des machines. Pour l'arithmomètre à 10 chiffres (T1850A), par exemple; ils s'échelonnent entre n°118 et n°190. On est donc très proche des 200 machines mentionnées par l'Abbé Moigno ! Le problème finalement est de savoir quel est le premier numéro à avoir été gravée sur la platine d'une machine à 10 chiffres ! Notre hypothèse de départ prend ici tout son sens. Plutôt que de commencer la numérotation de sa nouvelle machine au n°1 , il se basa sur le registre d'atelier !! Si 100 machines T1850A ont été construites auparavant, et bien ! Que la numérotation de T1852A commence au n°101 ! Dans l'état actuel des recherches, il est difficile d'être vraiment précis. Compte tenu du fait que les T1850 n'étaient pas numérotées et qu'on n'a pas de certitude quant au numéro de départ des T1852, il n'est pas interdit de penser que seulement 50 T1850A ont été construites, contre 150 T1852A. Concernant les grands modèles T1850B et T1852 B, le principe est le même, mais en moindre quantité. La découverte de nouveaux numéros nous permettra un jour d'affiner ce point. Au final, quand on fait les comptes, on arrive à un peu plus de 300 machines construites en 5 ans ! La construction du Piano arithmomètre présentée à l'exposition universelle de Paris en marque l'apogée. Entre 1856 et 1865, Thomas continue d'améliorer ses machines. Il introduit en 1858 un système de compteurs de tours pour chaque rang décimal (6, 9, ou 11 en fonction des versions). C'est une innovation importante. Elle permet à l'opérateur de contrôler l'avancée d'une multiplication à plusieurs chiffres, de grandement faciliter les divisions et l'extraction des racines carrées et cubiques. En 1860, le nouveau modèle T1860, décliné en deux versions, sort des ateliers. Tous portent des numéros de série inférieurs à 60, ce qui laisse encore penser à une numérotation spécifique. Et puis, vers 1863, un petit modèle "économique" T1863 vient élargir le catalogue. Il est de petite capacité et ne possède pas de compteurs de tours (5x0x10). Mais ce qui nous intéresse ici, c'est que la numérotation commence directement au n°500 ! Pas de n° 200, pas de n° 300, ni de n° 400 !! Ne nous inquiétons pas, l'hypothèse du registre d'atelier peut l'expliquer !! Devant la multiplication des modèles, il devenait urgent de simplifier le registre. En comptabilisant l'ensemble des machines produites depuis 1850, le nombre dépassait les 400. L'idée de repartir à un chiffre rond (500) témoigne d'une volonté d'harmonisation. Et à partir de ce moment là, la numérotation sera continue. Thomas dispose alors d'un catalogue de modèles assez impressionnant. L'inventaire de l'atelier du 16, rue de la Tour des Dames, en 1870, à la mort de Thomas de Colmar, nous indique bien que tous ces modèles étaient en stock !
Entre 1865 et 1887, près de 2000 machines sortiront des ateliers avec le cachet Thomas de Colmar. Quand on parle "d'arithmomètre Thomas de Colmar", il y a ceux avant 1870 (date de sa mort) et ceux après 1870 ! (Les puristes apprécieront).
IV) 1907-1915 : Veuve Léontine Payen lance le modèle "Aigle"
Une nouvelle numérotation est introduite : elle semble commencer au n° 500, puis s'arrête vers le n° 1700. Y a-t-il eu réellement 1200 arithmomètres de type P4 construits entre 1907 et 1914 ? Ce qui est étrange, c'est que seulement une vingtaine de ces machines ont été à ce jour répertoriées, soit moins de 2% de survivance. C'est peu au regard des 5 à 8% que l'on retrouve en moyenne sur les autres modèles.
V) 1915: Vente "Veuve Payen" à Alphonse Darras En mars 1915, Veuve Payen vend son affaire à Alphonse Darras, qui tient boutique au 116 Bd Saint-Germain, à Paris. Ce n'est pas un inconnu ! C'est un ancien de la "Maison Deschiens", qui fabriquait des compteurs depuis le années 1870. Un peu comme Payen fabriquait au départ des arithmomètres griffés "Thomas de Colmar", Darras a sans doute fabriqué des arithmomètres de type P4 avant qu'il ne reprenne l'affaire à son compte. L'inventaire réalisé lors de la cession constitue une magnifique photographie de ce qu'était l'état de la production des arithmomètres Payen en ce début 1915. Il nous renseigne sur une multitude de choses. D'une part, de nombreux arithmomètres sont en stock. On dénombre une trentaine de modèles P3, neufs et d'occasion ainsi qu'une quarantaine d'arithmomètres de type P4 dernière génération. Certains sont encore en cours de montage (n° 1707 à n°1711). Ce qui est intéressant de noter, c'est la numérotation des modèles P4 neufs en stock. On a des n°500, un N°1015, puis on passe directement à la série des n°1600. Compte tenu que ce sont des machines en stock, donc en vente, ces trous dans la numérotation nous laissent un peu perplexe et nous renvoient à notre interrogation de tout à l'heure, à savoir si réellement, 1200 arithmomètres P4 ont été construits. Il est probable que beaucoup, beaucoup moins le furent ! Mais revenons à Alphonse Darras ... 1915: mauvaise période pour faire prospérer une affaire. Il faut alimenter la machine de guerre et le cuivre vaut de l'or ! Et puis il y a toutes ces machines en stock à vendre. En cette période trouble, Alphonse Darras fabriquera pourtant quelques machines (une cinquantaine peut-être) et apposera son propre monogramme AD. Encore une fois, une nouvelle numérotion sera utilisée (n°5500 à n°5550). Ce choix de commencer au n°5500 correspond-il à la somme de tous les arithmomètres Thomas et Payen construits depuis 1850 ? Il est vrai que lorsque l'on additionne les 3900 arithmomètres Thomas et Payen aux 1700 modèles P4 , on arrive à peu près à cette valeur.. 5550 arithmomètres Thomas et Payen construits ! Je vous laisse le libre arbitre !!! /VM
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