Bibliothèque numérique / Digital library |
Brevet de
1849 |
|
Source
|
INPI
|
Illustrations / Figures |
|||||||||
Document numérique / Free digital document |
Document HTML |
* Brevet découvert en Avril 2006 !!!
BREVET N° 8282 du 25 avril 1849
Description de l’Arithmomètre,
Considérations préliminaires Cette machine au moyen de laquelle on peut facilement et promptement faire toutes les opérations d’arithmétique est le perfectionnement de celle que Mr Thomas (de Colmar) présenta en 1822 à la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale et pour laquelle il avait pris un brevet en novembre 1820 (Voir le N° CCXXI de novembre 1822, Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale). C’est en 1818 que Mr Thomas commença les essais de cette invention qui est la première de ce genre. Pascal n’avait inventé qu’un additionneur incapable de rendre service. Cent années après, Mr Lépine présenta un additionneur perfectionné mais encore sans utilité réelle. Il parait que depuis plus de 200 ans, beaucoup de personnes se sont occupées de chercher le moyen d’abréger les opérations d’arithmétique par machines à calculer ; Personne n’a réussi avant Mr Thomas (de Colmar). Son arithmomètre est une invention toute nouvelle ; Il ne s’agit pas d’une machine simple pour faire des additions, c’est un multiplicateur mécanique avec lequel on peut résoudre les problèmes les plus compliqués. Cette machine est à celles qui ont paru antérieurement, ce que serait un calculateur habile à l’homme qui ne saurait compter que sur les doigts. La première machine de Mr Thomas contenait la découverte du secret de multiplier plusieurs chiffres par un ; Celle qui nous occupe ici contient le développement et le perfectionnement da la première ; c’est le fruit de trente années de travail et de veilles. Ce que des siècles n’ont pu produire se trouve aujourd’hui réalisé par Mr Thomas ; la réussite et l’utilité sont incontestables. Enfin Mr Thomas avait trouvé un jeune homme, Mr Piolaine, fils d’un horloger de Neuilly, qui fut chargé de compléter l’atelier de Mr Thomas, et de confectionner sous ses yeux, une machine sur un nouveau système. Toujours persévérant, il fit revenir, à ses frais, Mr Piolaine, d’Angleterre, et le chargea d’abord de faire fonctionner l’arithmomètre ; Celui-ci remania toutes les pièces, en refit un grand nombre, et il fut terminé en juillet 1848. Immédiatement après, on recommença une nouvelle machine sur un système plus simple. Le jeune homme fit une longue maladie à laquelle il succomba en 1848, sans avoir terminé ni celle qu’il avait commencé avant son départ pour l’Angleterre, ni celle commencé après l’achèvement de la grande. Plusieurs ouvriers sont occupés pour terminer sous les yeux de Mr Thomas les deux machines commencées avant la mort de Mr Piolaine, et d’autres moins importantes ne tarderont pas à être confectionnées ; Elles donneront lieu à constater de nouveaux et importants perfectionnements.
Description Cette machine exécutée en grand, contient le double des dimensions de celle qui sera à l’usage du public ; Elle a donc huit fois la grandeur naturelle. Nous donnerons ici les dimensions de la petite machine.
Cette cage est couverte d’une plaque de cuivre dans laquelle sont pratiquées autant de fentes qu’il y a de chiffres au multiplicande, plus une pour le multiplicateur. Au dessous de chaque cadran est fixé une roue à 10 dents et le cadran porte une pointe ou un petit bras qui fait partir une détente lorsque le cadran passe du 9 au 0 ou du 0 au 9 (Voir fig.1 & fig.2) Dans l’intérieur, on voit (figure 2) des cylindres cannelés de 20 dents dont on en a coupé onze sur toute la longueur, puis les neuf restantes sont coupées par neuvièmes, en forme d’escalier pour représenter le chiffre du multiplicande de 1 à 9 (voir la figure 5 qui représente un des cylindres, ils ont 0m07 de longueur). Les dents des cylindres peuvent engrener dans une petite roue de dix dents qui est conduite par une fourche attachée au bouton indicateur. La petite roue glisse sur un arbre carré et se laisse conduire au chiffre du multiplicande. Alors cette place la fait engrener à la section des dents dont le nombre est égal au chiffre indiqué par le bouton. A la gauche de ces cylindres est un autre cylindre taillé en spirale (voir figure 7). Une fente taillée dans sa longueur permet à un bras conduit par un bouton, de régler le nombre de tours que les cylindres doivent faire ensemble pour représenter un des chiffres du multiplicateur. Ainsi quand le bouton du multiplicateur est au N° 9, le multiplicande, fut-il de dix chiffres, sera multiplié par 9. Tous les cylindres du multiplicande, y compris celui du multiplicateur engrènent dans une suite de roues, dont l’une sera armée d’une manivelle, de manière que chaque tour de manivelle fait faire un tour à tous les cylindres ensemble (voir cet engrenage figure 3). On obtient ce même mouvement par un arbre placé sur la longueur de la platine engrenant (par) des roues de champ avec celles des cylindres. Ce mouvement est bien meilleur mais il est plus dispendieux. Sur les cylindres placés entre le premier et le dernier, il y a un système d’engrenage pour opérer les retenues. Une dent mobile, qui prend toute la longueur du cylindre, remplace la dixième dent. Elle est cachée dans l’épaisseur du cylindre (Fig. 6) et ne parait au niveau des autres dents pour engrener avec la petite roue que pour produire la retenue (Fig. 6) C’est ici le cas d’expliquer pourquoi on a coupé entièrement onze dents des cylindres ; Ce vide était indispensable pour opérer les retenues ; Il faut que chaque cylindre puisse recevoir la retenue après avoir produit son chiffre. Pour que cela puisse avoir lieu, il faut que les retenues se fassent successivement l’une après l’autre : il a donc fallu que les dizaines se produisent avant les centaines, celles des centaines avant celle des milles et ainsi de suite. C’est pourquoi il faut placer les cylindres de manière à engrener avec les roues du chiffre multiplicande les uns après les autres. On doit laisser 2 dents de différence entre chaque cylindre ; C’est-à-dire le second cylindre aura 2 dents de vide, le troisième 4 dents, le cinquième 6 dents, le sixième 8 dents. Les soustractions et les divisions étant des opérations inverses des additions et des multiplications, pour faire les opérations, on a ajouté à la suite des arbres qui communiquent le mouvement aux cadrans, et sur les mêmes arbres, un double engrenage au moyen duquel on peut faire tourner les cadrans de droite à gauche et de gauche à droite (Figure 5). Les arbres carrés des roues qui engrènent avec les cylindres se prolongent au-delà de la cage, jusque sous les cadrans ; Un tube sur lequel sont fixées deux roues à couronne de dix dents, se faisant face, s’emboite sur les arbres de manière à pouvoir glisser pour engrener avec l’une ou avec l’autre, avec la roue qui mène les cadrans.
Manière de se servir de l’Arithmomètre La machine par sa position imite parfaitement les 4 opérations de l’arithmétique, et les mouvements semblent peindre tous les raisonnements qu’il faut faire pour arriver au résultat.
Addition En poussant les boutons sur les chiffres indiqués, le long des fentes, et en poussant celui du multiplicateur, qui est le dernier à gauche à 1, on tourne la manivelle un tour jusqu’à ce que la main se trouve arrêtée, et on a produit sur les cadrans les chiffres marqués par les boutons. En faisant cette opération,deux fois, on aura ajouté deux sommes pareilles, et les cadrans produiront l’addition toute faite soit : 35695 + 35695 = 71390 Total qu’on verra figurer dans les lucarnes. Si on veut ajouter une autre somme différente, on pousse les boutons qui indiquent les chiffres dont la somme se compose, on remet le multiplicateur à 1, et un tour de manivelle ajoute cette troisième somme aux deux autres, et donne le produit dans les lucarnes, et ainsi de suite pour chaque somme qu’on veut ajouter.
Multiplication Soit 35695 x 2 = 71.390 On opère comme pour l’addition, avec cette différence qu’au lieu de mettre le bouton du multiplicateur deux fois à 1, on le met à 2, et on tourne la manivelle deux tours. On conçoit qu’il en sera de même, si on veut multiplier la même somme par tout autre chiffre, il suffit de pousser le bouton au chiffre qui doit multiplier. Si on veut multiplier plusieurs chiffres par plusieurs, la machine confectionnée peut multiplier cinq chiffres par cinq chiffres ; On en confectionnera de dix chiffres par dix chiffres, ce qui donnera 20 chiffres au produit.
Soustraction On opère absolument de la même manière que pour l’addition ; Seulement on tourne l’aiguille du côté de la soustraction. Ce mouvement fait tourner les cadrans en sens inverse
Division
Exemple : diviser 625 par 25. On lève la platine des cadrans pour tourner les boutons des cadrans, et faire paraître la somme 625, ce qui peut se faire par un tour de manivelle, comme pour placer une somme d’addition. Ainsi le dividende 625 se trouve écrit dans les lucarnes, et le diviseur 25 marqué par les boutons du multiplicande. On retire la platine des cadrans pour mettre le 5 dehors, et on tourne la manivelle jusqu’à ce que la somme à diviser soit plus petite que le diviseur. Le bouton du multiplicateur aura marqué combien de fois le diviseur était contenu dans le dividende, et les cadrans marqueront la somme qui reste à diviser. On pousse la platine des cadrans d’un cran à droite, et on opère comme pour les dizaines, on aura trouvé que pour les dizaines, 25 était contenu deux fois dans 62, et qu’il restait 125. Une instruction plus détaillée fera connaître tous les avantages qu’on pourra tirer de cette machine pour les grandes opérations d’arithmétique et d’algèbre. On sera étonné de voir avec quelle facilité on peut résoudre les plus grands problèmes.
Fait double à Paris le 23 avril 1849
Thomas
* Document transcrit à partir du brevet manuscrit par Valéry Monnier, France 2006 |
www.arithmometre.org 2007 |